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poésie lubrifiante - Page 3

  • embrassade

    Un bras s'offre, une main s'y pose
    L'Ephémère à son musical
    enveloppe, sentimental
    un mouvement qui, soudain, s'ose

    Tes yeux s'invitent dans mon champ
    La beauté veut son résultat
    et le tempo qui n'attend pas
    nous suggère un nouvel allant

    Je vais prendre ce que tu donnes
    et t'offrirai ce qui me vient
    Nous voici rendus, l'un pour l'un
    à la vérité qui résonne

    Oh, la vigueur de cet oubli !
    Sa musique imprègne le sens
    que nous donnons à cette danse
    Notre densité s'accomplit

    Anticipe une exclamation
    épouse la charge des corps
    repousse l'idée de la mort
    dans le claquement des talons

    Pourtant, c'est une tragédie
    que la musique met en place
    orchestrant notre face à face
    où se lisent nos appétits

    Oh, fandango ! Brûlant mystère
    qui nous raccorde à ce moment
    que rien n'épargne du Vivant
    ni aucune pensée n'altère

    Et nous voici, à notre Dense
    à nous embrasser comme rimes
    chacun y allant de sa frime
    offrir à l'autre son essence

    éventail
    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    pour un Impromptu Littéraire - tiki#151

  • Jeu amoureux

    Je sais ne rien savoir de vous
    D'où vient que cette belle histoire
    qui monte et me parle de vous
    me semble bien connue, ce soir ?

    Est-ce à nouveau le jeu, trésor ?
    la partition qui tout rassemble :
    un ton familier au décor
    une chorégie sous les trembles ?

    Une lumière au flux sanguin
    explose le jour et le farde
    aux rives de nos regards pleins
    où nos étonnements s'attardent

    ***

    A la même heure, au même endroit
    hier n'était qu'un mauvais rêve
    à l'instant, vous me faites roi
    puisque je croque votre fève

    Maintenant, le temps n'a plus cours
    la pluie ne fut jamais si tendre
    les arbres soufflent du velours
    que nous sommes seuls à entendre

    Où voulez-vous de mon baiser ?
    Là, dans ce pli de votre chair ?
    dans votre paume ? sur vos pieds ?
    autour de vous dans l'atmosphère ?

    Un peu que je vous reconnais !
    vous êtes à la promenade
    Depuis, vous aimant, désormais
    le goût, sans le vôtre, m'est fade

    Rendez-vous à cet argument :
    nul autre ne vous chérit comme
    l'absolu de mon sentiment
    N'hésitez plus, je suis votre homme !

    Et quoi ! vous passez sans frémir ?
    à votre allure de madone
    Vos yeux ne sauraient pas mentir
    Vous espériez que je me donne !

    Un trouble passe et vous avec
    La leçon est dure, blessante :
    mes renforts de salamalecs
    vous laissent donc indifférente ?

    Xanadu dans votre walkman
    votre chien tirant sur sa laisse
    vous ignorez mon cœur profane
    et ramenez ailleurs vos fesses

     

    promeneuse
    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration :
    Lolek 

  • En danseuse (fado)

    Pour un pas de deux flambé à l’improviste
    damnerais mes yeux sans regretter le jour
    ni du fleuve les ors animant son parcours
    quand au vieil occident décline le lampiste

    Ta main dans la mienne et le monde à nouveau
    célèbre à l’ancienne une chorégraphie
    connue de force mage et de source de vie
    que révoque la flamme au fond des braséros

    Damnée mille fois ! plutôt que la contrainte
    de danser sans joie, privée de ton regard
    et de son attention complète à mon égard
    dans le mouvement sûr, le vertige ou l’étreinte

    Je vibre ! Je brûle et tu me fais écho
    N’ai pas de férule autre que ta partie
    M’y raccorde l’entier, volontiers assortie
    à ce moment de grâce en ton port hidalgo

    Oh ! Mon âme à cent bras, cent jambes !
    Quoi, perdre mon latin ? Jamais !
    J’en serai le festin, l’orgue, le dithyrambe
    la preuve incandescente à l’ultime sommet

    L’ombre ne me paraît si belle
    que la sienne posée sur moi
    quand nos souffles s’arrangent une ritournelle
    et nos gestes renflouent notre content d’émoi

    poésie,poésie lubrifiante,fado,fol amourOh, viens à moi et danse !
    Et dense, danse-moi !
    Oh, sois ma révérence !

    Porte ma réjouissance
    plus haut, à bout de bras
    jusqu’à ma défaillance !

    Tu m’as toute et je meurs
    Va, je suis bien heureuse !

    Totale, ton ardeur
    me conduit en danseuse

     

    tiniak © 2012 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK 

    illustration d'après une sculpture de Guillaume Martin

  • jaune virgule

    Marcelle BUSCHEMAN, peintre amateurDans la nuit pleine d'elle-même
    une hypothèse de plaisir
    s'exhale dans un lent soupir
    qui me dit « peut-être, je t'aime »

    Pâle incarnation d'une faune
    accrochée par quelque rayon
    ramassée sur son expression
    que dérobe une jupe jaune
    tu me l'as dit
    ou est-ce que je suis entré dans ton esprit ?

    Oh, chère chair d'avant l'aurore
    au front posé sur le genou
    ta posture me rendra fou
    qui me tient si loin au-dehors

    Naguère encore une passion
    que seuls chevauchent les grands fauves
    quels que soient la plaine ou l'alcôve
    nous arrachait à la raison

    Sous le charme d'un Long Snake Moan
    à nos carnages réciproques
    le saccage de nos défroques
    n'épargna que ta jupe jaune

    Puis l'ombre sur nous s'est jetée
    distinguant d'entre nos torpeurs
    celle du corps, celle du cœur
    sans bruire a su nous isoler

    Est-ce un appel dans le silence
    qui m'aura tiré du sommeil ?
    Je te découvre à mon réveil
    dans cette insigne consistance
    jaune virgule
    dans un pli de ta ronde hanche, majuscule

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    Illustration : Marcelle Buscheman

    *Long Snake Moan
    est un titre de PJ HARVEY

  • 2012 Pénélopes

    Gaëna Da Sylva, photographeUn murmure de soir a soufflé sur ses doigts
    Ombres ébouriffées, l'allée sage s'étire
    Un lacis de serpents bouge au moindre soupir
    et se frotte à l'épaule, à son pâle beffroi

    La buée du regard s'écoute chavirer
    dans les plis fatigués d'une antique posture
    avec le poing crispé sur l'épaisse tenture
    encadrant la fenêtre où nul n'est arrivé

    Sous la pression d'un ciel imprimant son déclin
    un astre hésite encore à rougir davantage
    au rang de peupliers les plus rares feuillages

    L'énigme irrésolue replie son maroquin
    Il ne paraîtra plus aujourd'hui, c'est certain
    La rue peut s'encombrer d'anonymes partages

    ***

    Il viendra
    Il arrive
    Il l'a dit
    Il l'a dit
    Il était dans mon ventre quand il a promis

    Oh, comme il aura faim !
    Oh, comme il sera fou !
    Comme il sera grand temps d'être ensemble partout
    de régner sur le monde en lui donnant le sein
    de repeindre l'orage avec notre sueur
    de sourire endormis à notre plein bonheur
    Oh, dormir !
    en n'étant pas inquiets, demain pourra venir
    ce sera aujourd'hui
    et encore, et encore...
    Et nos yeux nous seront le plus vaste décor

    Gaëna da Sylva, photographeIl viendra
    - mais bien sûr !
    puisqu'il me l'a promis
    Il viendra, c'est bien sûr
    Il l'a dit
    Il l'a dit

    ***

    Anonymes peuvent paraître
    à l'enfilade les fenêtres
    mais que vitre vienne à vibrer
    qu'un doigt sépare leur ourlet
    qu'un hiver de frimas redouble
    et révèle une buée trouble
    alors tout le sang contenu
    l'espoir qui se serait perdu
    les pleurs que masquait un soupir
    et le fol élan du désir
    échappent
    aux civilités scrupuleuses dont se drapent
    les huissiers rigoureux de l'être
    et s'illumine à la fenêtre
    insigne
    une âme
    dans l'éclat pur et particulier de son drame
    digne
    patente
    signant de son total amour
    l'attente ?

    ***

    Gaëna Da Sylva, photographe"Oh, qu'Une...!"
    et même et seule et pâle comme Lune
    inamovible face au monde
    bienveillante et calme, féconde
    au fil des heures s'émoussant
    un apathique emploi du temps
    coulant son regard nyctalope
    (apanage des Pénélope)
    sur l'avenue des anonymes
    retours aux affaires intimes
    frémisse encore
    certaine d'être arrimée à bon port

     

     

    Just watchin' you without me

     

    tiniak © 2011 DUKOU ZUMIN &ditions TwalesK
    inspiré de trois photographies extraites de LA CHAMBRE NOIRE
    de Gaëna Da Sylva


    Illustration sonore : par ici...